Dans le cadre de la prévention de la perte d’autonomie, la société Exaeco a réalisé l’étude « La parole aux seniors » pour le compte du Département du Nord. En ciblant les 17 EPCI du territoire, une rencontre pour chacun d’eux a été organisée avec les acteurs, opérateurs, et associations pour lancer le projet. 

La volonté du Département était d’aller partout, à la rencontre des professionnels et surtout des seniors, pour partir de leurs usages. Ainsi, 17 ateliers ont été réalisés entre juin et juillet 2022, auprès des habitants de ces territoires. La première session avait pour objectif de percevoir les enjeux prioritaires. La seconde session permettait de faire émerger de nouvelles idées. 

Quelles priorités se dégagent ?

Un classement global a permis de faciliter la prise de décisions des actions à promouvoir. Il est le suivant :

  • Les 3 enjeux prioritaires : Santé, bien-être – Mobilité – Lien social, vivre ensemble 
  • Les 3 enjeux importants : Insertion, solidarité – Habitat – Alimentation
  • Les 3 enjeux qui concernent moins : Numérique – Transition écologique – Loisirs 

Des prises de vues ont été effectuées auprès d’habitants partants pour raconter leurs quotidiens, stratégies pour « bien vieillir ». Nous vous recommandons de les visionner pour plusieurs raisons : elles donnent la parole aux premiers concernés par « le vieillissement », elles sont criantes de vérités, elles sont pleines d’espoir et dédramatisent l’avancée en âge. Tout ce que nous tentons de valoriser chez Béguinage & Compagnie ! #parole_aux_seniors_01 #parole_aux_seniors_02

Notre participation à la restitution des premiers résultats…

Pour davantage s’intéresser à ce travail d’étude, nous avons participé à la restitution de ces premières phases en novembre 2022. De nombreux partenaires* étaient présents pour connaitre les premiers résultats 

Habitat inclusifAprès avoir visionné un extrait des témoignages de seniors, nous sommes revenus, en collectif, sur ce qui nous a semblé le plus percutant et urgent. Le premier sujet qui est revenu c’est celui de la chute à domicile, élément déclencheur de la remise en question de sa situation personnelle et de son vécu face au vieillissement. À cela, les solutions de la téléalarme et du détecteur de chutes sans avoir à appuyer ont été énoncés, aussi bien par les professionnels du domicile que les habitants. Mais le recours à cet outil n’est pas toujours évident car il renvoie à la réalité du vieillissement, phénomène encore très mal perçu aujourd’hui ou du fait de ne pas vouloir déranger l’entourage en cas de chute.

Il s’agit là d’un vrai sujet pour les acteurs de proximité et de lien social, tels que les centres sociaux/CCAS/bailleurs. Par leur biais, parler de cette solution, des services existants (OPTI’DOM, Soliha, Interfaces, Aménage…) tout en abordant les solidarités de proximité (voisins) en faciliterait peut-être l’usage. 

Le deuxième sujet abordé fut l’habitat. Nous sommes revenus sur le concept-même du béguinage pour rappeler les objectifs de ces lieux de vie : l’entraide, la proximité, la sécurité. En partant de l’expérience des béguinages actuels, nous avons rappelé l’importance d’une mise à disposition d’espaces communs sur ces lieux de vie. Nous nous sommes questionnés sur la possibilité que les centres sociaux interviennent directement dans les béguinages, une solution qui permettrait de lutter contre l’isolement… sujet qui était à l’ordre du jour d’une réunion entre bailleurs sociaux et centres sociaux, fin novembre 2022.

Des habitants au coeur de la démarcheEn lien avec ce qui vient d’être dit, nous avons passé une partie du débat à parler du phénomène d’isolement. Chez Béguinage & Compagnie nous parlons davantage de solitude, notamment lorsque ce sentiment survient après un évènement précis (exemple : veuvage). Les professionnels ont insisté sur la solitude des seniors dès lors que les quelques visites de la journée (aide à domicile, soins infirmiers…) sont passés, soit une bonne partie de la journée restante. Nous avons alors évoqué les solutions déjà existantes et à promouvoir : MonaLisa, Unis cité, Malakoff Humanis et son Réseau de Confiance, l’association des Petits Frères des Pauvres, le service « Sortir plus »…

Bien qu’il y ait ces solutions, le constat est sans appel « la solution ce sont les opérateurs de proximité », professionnels sur le territoire, connus et reconnus par les habitants. Les personnes retraitées partageaient par exemple les bienfaits de l’atelier qu’elles ont suivi au sein du centre social de leur quartier, sur le vécu du deuil « J’apprends à être veuve ».

Enfin, au-delà de la présence des professionnels du secteur, les habitants ont mentionné être « les mieux placés pour lutter contre isolement » et que pour cela, et notamment pour lutter contre le démarchage : « On aurait besoin d’être formé ».

Notre constat, suite aux deux vidéos : 

  • Des peurs liées à la santé : Covid, chutes à domicile, être dépendant

Arrêter de se focaliser sur l’allongement de la durée de vie et se centrer sur l’amélioration de sa qualité de vie au quotidien : Santé physique et psychique – Épanouissement et autonomie (choix et liberté) – Rester actif (participer, découvrir, se cultiver, marcher, rencontrer…) – Lien social

Rendre accessible l’information sur les droits (équipements et adaptation logement, aides financières…) « j’ai le sentiment d’être démunie » 

Anticiper son vieillissement et les coûts liés : « Même en ayant mis un peu d’argent de côté, il ne faut pas que je vive trop longtemps, sinon c’est mon fils qui va être tapé »

Accompagner les changements de la vie : apparition maladie, décès/veuvage, déménagement, déracinement. « Vieillir c’est savoir s’adapter » 

  • Des peurs vis-à-vis de l’autre : Peur de déranger – Peur de faire le pas vers autrui/structures 

Provoquer, faciliter les échanges entre voisins/habitants « pas facile d’aller discuter avec le voisin que l’on ne connait pas », « comment aborder les autres ? »

Rendre la place de citoyens actifs aux personnes âgées : « Il y a des gens, qui, parce que vous êtes seniors, ne vous écoutent pas » et lutter contre cette forme de rejet, de distance vis-à-vis de l’avancée en âge

Parler en son nom : « Je sais ce dont j’ai besoin, donc à peu près les besoins des autres seniors » : Souhait d’être entendu, en tant que premiers concernés

Pour lutter contre l’isolement des seniors, s’appuyer sur les forces vives : Famille, voisins, acteurs de proximité (centres sociaux, associations…) et services existants (habitat adapté (béguinage), récurrence d’ateliers sur le quartier, solutions informatiques…) « Être entouré pour moins penser à ses rhumatismes, à ses malheurs ».

Coralie et Jean-François sont référencés pour accompagner les collectivités qui souhaitent engager une démarche participative, soutenue par le Réseau Francophone des Villes Amies des Ainés. N’hésitez pas à nous contacter.